Entre Août 2011 et Septembre 2014, Patrick Rouxel, fondateur de Aider les Ours, a suivit la réintroduction à la vie sauvage de 3 oursons malais orphelins. Puis en 2014/2015, il a participé à la mise en place de la réintroduction de 3 autres oursons. Ceci s’est passé dans le Parc National de Tanjung Puting, à Kalimantan Centre, en Indonésie avec la collaboration du Orangutan Foundation International (OFI).
Tous les oursons étaient relâchés en forêt selon une méthode douce et graduelle mise au point par Dr Gabriella Fredriksson, membre du groupe des Experts des Ours Malais du IUCN. A l’état sauvage, les oursons suivent leur mère jusqu’à l’âge de 2 ans, après quoi ils prennent leur indépendance et partent établir leur propre territoire. Avec la méthode de Gabriella, une personne remplace le rôle de la mère ours et reste avec l’ourson en forêt jusqu’à ce qu’il devient autonome.
Un camp dans la forêt sert de base pour la personne en charge et pour l’ourson. Tous les jours, de l’aube au couché du soleil, le parent adoptif et l’ourson se balade en forêt. L’ourson, poussé par la faim et par sa curiosité naturelle, apprend seul à trouver à manger et à grimper aux arbres. La simple présence du parent adoptif suffit à chasser tout ours sauvage qui pourrait vouloir du mal à l’ourson, ou tout prédateur comme le panthère nébuleuse, qui pourrait s’attaquer à un ourson. En fin d’après-midi, le parent adoptif et l’ourson retournent au camp où l’ourson reçoit un apport alimentaire dans une « cage » à l’écart du camp où il est enfermé pour la nuit jusqu’au jour suivant, pour une nouvelle journée d’apprentissage et d’exploration.
Le premier ourson que Patrick a réintroduit en forêt s’appelle Bunbun. Elle était âgée d’environ un an lors moment de son retour en forêt. Elle avait gardé sa crainte instinctive des Hommes, ce qui était une bonne chose et elle a rapidement commencé à partir seule, disparaissant pendant un jour ou deux avant de revenir au camp. Malheureusement, après seulement 3 mois, elle est revenue d’une escapade de 24h avec une patte cassée, blessure d’une bagarre avec un autre ours. Elle fut donc emmenée à la clique d’OFI, où elle fut soignée et enfermée dans une petite cage pendant 10 semaines, le temps que l’os cassé se rétablisse. Nous l’avons ensuite remmenée à la forêt, mais malheureusement, à l’arrivée au camp, Bunbun a réussi à s’échapper de sa cage de transport et s’est enfoncée dans la forêt pour ne plus jamais revenir.
Six mois plus tard, Patrick apporta deux autres oursons en forêt, Bernie et Wawang, qui avaient été capturés très petits, puis confisqués par les autorités et placés dans le refuge du Borneo Orangutan Survival Foundation (BOSF). Afin d’éviter de perdre les oursons en forêt comme nous avions perdu Bunbun, ils furent équipés d’émetteurs placés dans leur cavité abdominale. Cet implant émet une onde radio qui peut être captée par un receveur à une distance d’environ 300 m sur une durée de 3 ans.
Malheureusement, après seulement 6 semaines, Bernie et Wawang sont partis d’un coup, une fin d’après-midi, hors de porté de leur signal radio et ont passés la nuit seuls en forêt. Le lendemain matin, Patrick a fini par retrouver le corps de Wawang, sans vie, couvert de blessures, d’une bagarre avec un autre ours. Mais la petite Bernie était vivante et elle fini par passer environ un an et demi avec Patrick en forêt, devenant progressivement complètement autonome et indépendante. On espère qu’elle continue à vivre sa vie d’ours libre dans son habitat naturel.
Après que Bernie pris son indépendance, Patrick commença la construction d’un enclos forestier de 1 hectare pour 3 ours adultes du refuge du Orangutan Foundation International qui ne pouvaient pas retourner en forêt. Pendant les travaux, il participa à la coordination de la réintroduction de 3 autres oursons : Ori, qui hélas fut remmené au refuge de OFI après 3 mois en forêt parce que son parent adoptif abandonna le projet, puis Koko et Octa, qui malheureusement disparurent en forêt alors qu’elles n’étaient pas encore complètement indépendantes. Malgré les implants, Koko et Octa n’ont jamais pu être retrouvées.
Depuis, Aider les Ours n’a pas participé à d’autres réintroductions d’ours en forêt, parce que nous avons porté notre attention sur la construction de grands enclos forestiers pour les ours captifs qui ne peuvent pas retourner à la vie sauvage. Mais si l’opportunité se présente de réintroduire d’autres oursons et que les paramètres sont favorables, nous recommencerons, car malgré la difficulté d’introduire un ours en forêt, nous pensons qu’une tentative de retrouver une vie libre reste quand même préférable à une vie en captivité.
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